Coin Lecture

Lire rime avec découvrir
et rime avec sourire...

Les médias nous parlaient depuis des années du changement climatique. La nature désormais traduisait le sujet : demain ça ferait exactement treize mois qu'elle n'avait pas lâché une seule goutte de pluie ! J'avais remarqué au cours d'un séjour en Bolivie de ces plantes épiphytes ressemblant à des aloès qui garnissaient les fils électriques surplombant les rues de petits villages. Cette forme me semblait un bon choix pour survivre, je n'aurais besoin ni de sol ni de pluie.

Je m'étais préparée. J'avais consulté des spécialistes de la métamorphose et des alchimistes contemporains. J'étais passée par un long jeûne destiné à me défaire du maximum de ma matière humaine. J'avais bu pendant plusieurs semaines des élixirs dits de mutation, j'avais choisi le lieu où je venais souvent pour me préparer à mon nouvel environnement. J'avais pratiqué mes exercices de visualisation et j'arrivais à la dernière étape : celle de la concentration, de la méditation profonde.

Mon support désormais serait le toit d'un train de marchandises. Personne ne les nettoie, nulle main ne m'arracherait et, en dépit de ma proche immobilité végétale, je voyagerai.

Je m'installai de nuit sur un de ces wagons couleur rouille. Je m'assis en tailleur puis je fermai les yeux. Je pris de longues respirations et me concentrai sur le scénario. Je descendis mentalement dans mon fondement, je me concentrai toute entière dans cette zone de contact entre l'acier et ma chair. Je visualisai ces radicelles qui poussaient depuis mes fesses pour s'accrocher à cette protubérance métallique ressemblant à une petite poutrelle.

Cette première étape se déroulait parfaitement, je le sus quand pour le vérifier j'essayai de me relever. J'étais fixée à mon support désormais délivrée de la station verticale spécifique de l'humain. Me concentrant sur cette accroche, je laissai faire. Je sentis mon corps se ramasser, je le sentis rapetisser, se ramasser. Mes jambes se relevèrent d'elles-mêmes, genoux contre les épaules. Mes avant-bras se replièrent amenant les doigts sous le menton et mes mains firent un angle droit vers l'extérieur, formant comme un support à la tête qui, encore occupée de mental ouvrit le champ à une surprise de l'imagination. C'est elle, mon imagination, qui avait décidé que ma tête se transformerait en fleur !

J'ai entendu un coup de sifflet, le train est entré en mouvement. Nous quittions la ville. J'ignorais que je me verrais depuis le dehors de moi-même, comme il arrive à ceux qui tutoient la mort, l'alchimiste ne m'avait pas prévenue. Je vis donc cette plante agrippée sur le toit du wagon, ses feuilles vert d'eau teinté de nuances grises, je les effleurai de mon esprit qui nota aussitôt cette texture semblable à du caoutchouc, les feuilles aux bords crantés et là, de ce cœur végétal destiné à retenir la plus petite goutte d'eau, je vis ma tête devenir une fleur d'un jaune éclatant, une fleur de cactée, de celles qui s'épanouissent en plein désert.

MCCM - 23  janvier 2017

La Source des Mots ?

La Source des Mots est une micro-entreprise créée par Marie-Claire Carbonié-Marty, animatrice d'ateliers d'écriture

Je propose des ateliers à la demande ainsi que des animations autour de l'écriture et de la lecture

La Source des Mots se situe en Bretagne à Concoret en forêt de Brocéliande. Bienvenue !

Me contacter

Adresse

56430 Concoret

Téléphone

09.73.65.27.28
06.77.80.54.43

Par courriel

Je reste attentive à toutes vos demandes...

En poursuivant votre navigation sur le site, vous acceptez l'utilisation des cookies...